Le Vaudoué

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La Préhistoire au Vaudoué

"Ayant franchi le mur du temps, arrêtons-nous à l'époque au cours de laquelle la mer se retirait de notre région pour la dernière fois. Il y a cela 35 millions d'années....environ. Les géologues empruntant le nom d'Etampes, l'ont appelé "mer stampienne". 

Les déluges précédents avaient par érosion raviné puis élargi ce qui allait être notre vallée. Ils la mettaient ainsi en état d'évacuer avec moins de turbulences les eaux qui se rendaient à la mer par le trajet de la future Ecole. 
Grâce à ce ralentissement, elles y déposèrent une grande quantité de limon (la boue dont parle la Bible) qui contenait ces éléments que la biologie moléculaire reconnait aujourd'hui capables de créer la vie. 
Il y pousse d'abord une forêt particulièrement sombre, dans laquelle, pendant que délifèrent les siècles, le silence n'était rompu que par l'écroulement des arbres en fin d'existences puis par des cris de bêtes. 
Certes, bien d'autres régions étaient recouvertes de forêts aussi denses - Jules César ne nous a-t-il pas laissé une phrase digne de nos dessins animés : 

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"La cavalerie de Basilus poursuivit celle d'Ambiorix qui s'était enfuie à travers la sombre ardenne", car tel est le nom que les Celtes avaient donné à ces forêts particulièrement épaisses. 
C'est seulement vers la fin du Moyen-Age qu'elles fussent mises en exploitation lorsque parurent les Ordonnances pour le défrichement des bois de haute fuaie car cette époque des bois de qualité étaient nécessaires au besoin croissants des fourneaux à fondre les métaux et de la verrerie. 

Sans doute est-ce de ce temps là que date le "chemin d'exploitation de l'ardenne"que l'on trouve sur le cadastre à la sortie nord du Vaudoué. 
D'autre part notre vallée eut la chance de posséder plusieurs carrières dont les pierres présentaent toute une gamme de qualités différentes entre la silice et le calcaire. Ces roches dites métamorphiques, les carriers savaient bien les distinguer par leur résonnance aux coup de marteau. Certains anciens du village qui ont travaillé autrefois dans ces carrières pourraient nous raconter ben des choses intéressantes sur ces pierres dont sont faites nos plus vieilles maisons et en partie notre église Saint-Loup". 

Tous ces travaux avaient attiré du monde dans notre vallée et il devint nécessaire d'y construire un local destiné à accueillir les agents royaux qui y venaient pour régler les salaires des uns et percevoir la taille des autres. 
Comme entre-temps on y plaidait les inévitables litiges entre les habitants, ce local fut appelé "Le Palais". Il devait se trouver dans les parages du cimetière car sur le plan cadastral figure là un "chemin rural" dit du "Palais". 

Quant au non de "Val d'Oé" qui fut alors donné à notre naissant village, il doit étymologiquement provenir du fait que notre vallée aurait été reçue en donation, on disait douaire, par la veuve de quelque seigneur. 
Récit de M Thomas en 1978

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Le village du Vaudoué situé au Sud Seine et Marne est un charmant village rural ou les carriers exploitaient les rochers au XIXème siècle servant de matériaux de constructions ainsi que la fabrication des pavés... La forêt toute proche attirait les parisiens en villégiature. Les pensions de famille (Les Noisetiers,...) accueillaient les promeneurs soucieux de séjourer à la campagne et au grand air.  
Le village bordé d'un côté par les platières et terres cultivables et de l'autre par la forêt domaniale et bois privés jouit d'une situation privilégiée. 
La culture de la vigne y était fréquente favorisée par un climat tempéré. 

A la sortie du village, l'étang du nidcorbin était fréquenté par les pêcheurs. Tout près, se dresse l'ancienne distillerie (la cheminée ayant disparue) ou l'on fabriquait de l'alcool de betteraves. Un four à chaux situé dans le même quartier employait de nombreuses personnes locales. 
Le Vaudoué, c'est aussi la source de l'école (chemin de la Fontenelle) qui poursuit son cours en Essonne. 
Comme certains villages aux alentours, le Vaudoué a attiré des artistes peintres (Carzou) qui y avait acheté avec son épouse, une maison secondaire pour y élire domicile principal quelques années après.. La propriété et son pigonnier etait occupée auparavant par la famille Robinet. Jean-François Robinet (journaliste et  conseiller général de Seine-et-Marne  de 2014 à 2018 a passé toute son enfance au village et a été à l'école du Vaudoué (la mairie d'aujourd'hui). 


L'église St Loup : 
Le projet de remise en état des vitraux du Vaudoué, s'inscrit dans le cours des actions entreprises depuis 1954 par les municipalités successives, pour la restauration de l'église et le remplacement des vitraux. 
Par l'intermediaire de l'association"Les vitraux de St-Loup du Vaudoué", crée en novembre 1992, la population et les amis du Vaudoué s'associent à cette entreprise de renouveau et d'embellissement du patrimoine Valdéen. 

L'Association des vitraux présidée par Madame Catherine Badel, sous le patronnage de Madame Alice Saunier Seité, contacte six maîtres verriers. On retiendra la maquette de Monsieur Gérard Hermet, maître verrier, parmi les quatre maquettes présentées.  Le Conseil Municipal de l'époque ratifie ce choix, en janvier 1994, en accord avec l'évêché de Meaux. 


 


 

Le nom du village

"Le nom de notre village étonne et sucite les questions de ceux qui l'entendent pour la première fois. Lorsque je suis venue au Vaudoué, à Pâques en  1983, mon hôtesse et amie Mademoiselle Frédérique Chambrelent, m'a dit en souriant que ce nom venait de veau, doué de quantités étonnantes pour le petit d'une vache. A partir de juin 1983, installée au 9 rue des Templiers, je préférais affirmer à mes invités qu'ils se trouvaient dans le Val de Dieu au coeur d'une région fortement christianisée dès le Haut Moyen Age. Les recherches étymologiques apportent d'autres réponses , moins naïves. 
Soulignons d'abord ce qui semble à peu près sûr quant aux noms de lieux de la région (1),  
Plusieurs sont d'origine celtique, les Melti et les Senones, peuples celtiques, auraient donné leur nom aux villes de Meaux et de Sens. 

D'autre sont une origine gauloise : Melun (Mello = hauteur et dunum = forteresse sur une colline) Nemours (nem = sanctuaire et le suffixe ausum appliqué au dieu de ce sanctuaire). 
Beaucoup de noms d'agglomérations du Gâtinais dérivent de noms de personnes soit gaulois : Bourron (Burrus) soit romain : Chailly (Catilus) soit germaniques : Château-Landon, Fontainebleau. 


Félix Bourquelot (2) dans son histoire de Provins, publiée pour la première fois en 1839, affirme que l'origine des noms de Doué, Douy la Ramée et le Vaudoué, communes de Seine et Marne, serait le mot d'origine celtique dwi qui signifie rivière. La présence de la source de l'Ecole pourrait justifier cette appellation. D'autant qu'il semble certain, depuis la découverte d'un moulin gallo-romain à la Fourche en 1896, que le Vaudoué fut habité aux premierrs siècles de notre ère par des populations stables (3).  Ajoutons qu'en vieux français dole, doe, dule désignaient un courant d'eau (4). 

On peut ausssi faire remonter l'origine du nom de Vaudoué au mot du latin populaire auca, contraction de avica, avis qui signifie d'abord oiseau et au 12ème siècle oie
Il me semble que le Vaudoué, assez stérile et produisant peu de grains, ne devait pas être un centre d'élevage d'oies (5). Mais notre vallée est remplie d'oiseaux. 
Autre origine possible, le mot latin dotare qui, à la fin du 12ème siècle, devient doer qui signifie doter (fiancée se dit doee), pourvoir, faire don, douaire (6). 

Nous savons que la Seigneurie du Vaudoué appartenait avec celle de Noiy à l'abbaye royale de Chelles (7) à laquelle elle avait sans doute été léguée. 
Selon Henri Stein (8), qui se réfère aux sources d'archives, le Vaudoué est appelé successivement iau cours des temps Oe(12ème siècle), Oee (1222), Oetum (1270), Val d'Oe (1290), Oué (1315), Vaudoué (1480), Vaudoé, Vaudoé en Gastinois (1757), Vaudoé (au 18ème siècle). L'on trouve dans Félix Pascal Le Vauldoué (9). 

Lorsque l'on pense à l'évolution de l'orthographe des noms au cours des siècles , évolution due à la prononciation et aussi aux nombreuses erreurs de transcription sur les registres administratifs, l'on peut s'étonner des incertitudes tiqu'elle engendre quant aux sources étymologiques et au sens initial d'une appellation. 

Saurons-nous un jour si nous habitons : Le Val de la rivière, ou celui des oiseaux ou des oies, ou le Val de la fontaine, le Val du don, ou celui du douaire, ou un autre val? 
Ce qui importe avant tout, c'est que nous soyons heureux dans notre Vaudoué ! "

Article écrit par Alice Saunier Seïté (Ministre des Universités)

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1- Seine et Marne, Editions Christine Benneton 1989 sur le nom du Vaudoué - pages 219 à 223
2- Félix Bourquelot : Histoire de Provins, 1839, réédition Lafitte Marseille 1976 (pages 34 et 35)
3 - Annales de la société historique et archéologique du Gâtinais. Imprimerie M Bourges 1896 tome 14 (pages 247 et 248)
4 - Greimas : dictionnaire de l'ancien français , Larousse 1978 (page 195)
5 - Pascal (Félix) : Histoire de Seine et Marne, tome 2, Librairie Thomas 1844 (pages 561/562)
6 - Greimas : dictionnaire de l'ancien français , Larousse 1978 (page 195)
7-  Pascal (Félix) : Histoire de Seine et Marne, tome 2, Librairie Thomas 1844 (pages 561/562)
8 - Stein (Henri) dictionnaire topographique du département de Seine et Marne, imprimerie nationale, 1954 (page 551) 
9 - Pascal (Félix) : Histoire de Seine et Marne, tome 2, Librairie Thomas 1844 (pages 561/562)

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Les carrières au Vaudoué

"La marche étant recommandée aux personnes qui prennent de l'âge, j'ai naguère vagabondé dans les environs du village et il m'est arrivé plusieurs fois de m'engager dans des chemins sous bois ou dans la campagne qui, bien que larges, semblaient abandonnés. 
De fait ils se trouvaient bientôt sans issue et aboutissaient alors à un emplacement recouvert de nombreux débris de pierre parfois massifs, laissés là comme souvenirs d'une ancienne carrière. 
Autour du Vaudoué il y en a environ une demi-douzaine qui furent exploitées par des habitants du pays et, grâce à mes relations amicales avec l'un d'entre eux M Fernand Granjean, j'ai appris qu'on en extrayait des pierres de deux qualités différentes. Les unes fournissent des pavés et des bordures de trottoirs qu'elles livraient aux Ponts et Chaussées ou à des particuliers. Elles se trouvent dans les lieux dits : Cahière, Les Béorlots, Les Longuevaux et les Hauts lieux de Milly. Dans les autres c'était de la pierre à meule dont on exportait une partie soit en Amérique après avoir été façonnée à Mennecy, soit directement à l'état brut en Angleterre et en Italie. Elles sont situées à des endroits qui portent les noms de Casse-Bouteille, la Loge, les Quintonnets et Terres Rouges. 

Les carrières qui furent sans doute exploitées pendant des siècles connurent un développement important lorsque Philippe Auguste décida de faire paver les rues et les places de Paris. Et à cette époque nos forêts, dont le silence n'avait pas été troublé que par les coups sourds de la cognée des bûcherons, entendîrent les coups secs de pesants marteaux. 
Des millions de pavés furent extraits dans toute la forêt de Fontainebelau dont la plupart étaient transportés vers la capitale en empruntant la Seine. 
Mais bien souvent les durs travaux des carriers furent interrompus par les grands froids qui s'évissaient pendant plusieurs mois notamment au milieu du XVème siècle. Ils étaient parfois rigoureux au point de geler la Seine de Corbeil à Paris. 

Et puis surgirent les nouveaux procédés pour le revêtement des rues et des rroutes; ce fut alors le déclin pour l'actiivité des carrières et, en 1907, elle dut cesser définitivement dans la partie domaniale de Fontainebleau. 
Les nôtres héritèrent partiellement de leur production mais il fallut un jour les abandonner; c'était en décembre 1940, c'était pendant la guerre..;..
Alors nos carriers emportèrent leurs outils  et partirent sans avoir fait le ménage, laissant sur place de précieux vestiges pour notre histoire du Vaudoué".
Récit de Pierre Thomas en décembre 1978

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Un des métiers oubliés de notre village

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"Qui se souvent encore du Maréchal ferrand? (on disait aussi le forgeron). 
Et pourtant, il y a moins de 50 ans (ttexte écrit en 1989) chaque village en possédait un. Cet artisan était indispensable à l'agriculture de l'époque car il fallait absolument ferrer les quelques trente chevaux de labour qui existaient sur la commune : un cheval non ferré devient très vite un cheval boiteux. 
Cet homme là, j'ai eu la chance de le connaitre à l'époque ou je portais encore des culottes courtes, la forge étantt voisine de notre maison. 
Il s'appelait le père PIOT, un brave homme, dur à l'ouvrage, rude d'aspect, peu bavard (sauf su la politique) et souvent coléreux. Il fallait l'entendre jurer quand un charretier maladroit lâchait la patte d'un cheval trop nerveux ou qu'on le dérangeait de trop bonne heure. 
Un dur métier, il faut bien le dire aussi. Tôt le matin, j'étais réveillé par le bruit clair du marteau sur l'enclume. 
Ferrer un cheval est un art. 
La spécialité du forgeron était aussi de bien savoir battre et tremper les sacs de charrue avec adresse Le père Piot mourut! Remplacé par M Toutin, il prit la relève. La forge fut transférée près de la mairie. En 1965, M Toutin prit sa retraite alors qu'il ne restait plus de chevaux de labour au village. La mécanisation faisait son apparition. Le tracteur remplaçait le cheval et le mécanicien le maréchal Ferrant".
Article de Jean-Claude Duret - 1989

Les foins d'Autrefois

"Bien que sur le plan pécunier totalement different de la moisson, le foin représentait pour le paysan une valeur inestimable. En effet, il était la base même de la nourriture du bétail? Or, à cette époque (l'après-guerre) la plupart des fermes du Vaudoué possédaient chacune de 3 à 10 vaches laitières, certaines des moutons, et à cela s'ajoutaient 3 à 4 chevaux de labour. 
Il était donc indispensable de prévoir une quantité importante de foin afin de passer le long hiver. On cultivait le plus souvent la luzerne, très nutritive et qui, de plus, en restant 2 à 3 ans sur le même sol, constituait une tête d'assolement irremplaçable. 
Oui, un travail rude que celui des foins! En mai-juin, on les coupait à l'aide d'une faucheuse tirée par des chevaux. Le foin restait au sol afin de sêcher pendant 2 à 3 jours (où plus si le temps se gâtait). Il s'exhaltait alors une extraordinnaire odeur de foin coupé qui a, hélas , disparue de notre contrée. A l'aide d'un rateau mécanique (tiré par un cheval) le paysan rassemblait le foin en gros "endaim". Puis à intevalle régulier il plaçait des "perroquets" (gros trépieds de bois munis à leur base de traverses). 
Cette méthode permettait de constituer des petites meules tenant bien debout et à travers desquelles l'air pouvait passer et achever le séchage. Quelques jours plus tard, commençait l'engangement. On sortait alors les lourdes charettes de bois que l'on rehaussait pour la circonstance. C'était tout un art pour le charretier de ramener à la ferme tout le contenu de la charrette en dépît des ornières cahoteuses des chemins de terre. A la ferme il fallait ensuite monter le foin dans les greneirs dont l'accès était pour le moins malaisé. Souvent on appelait les enfants pour tasser dans les coins et sous les poutres grâce à leur petite taille. Et tout cela dans une poussière à vous couper le souffle, le grenier n'ayant qu'une couverture".

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"Le foin engrangé, le fermier était content. Mais ce n'était pas terminé car la luzerne repousse et début juillet il fallait faucher de nouveau. Cette deuxième récolte paraissait plus pénible en fonction de la chaleur du jour, de celle du foin trop sec et de la poussière qui vous desséchai le gosier. De plus, la moisson approchait et il ne fallait pas musarder. 
Non, le paysan de l'époque n'avait pas le temps de s'ennuyer! On s'est fréquemment moqué de lui et l'on a eu tort. Très peu d'entre nous feraient aujourd'hui le dur travail qu'il accomplissait. Car si les journées commençaient très tôt et finissaient tard, ce n'était pas par plaisir mais par nécessité. Le travail des champs était long et difficile et en plus à la ferme il fallait soigner les bêtes, traire les vaches, sortir le fumier....et cela tous les jours. 

On a dit aussi que le paysan à cette époque était fruste; mais il faut se rappeler que son instruction scolaire restait des plus sommaires. Il n'avait pas les vacances et la télé pour lui changer les idées. De pauvres types, diront certains. Certes non! Nos anciens aimaient ce qu'ils faisaient et le courage était leur vertu. 
S'ils n'avaient usé leurs bras et leurs jambes à entretenir et cultiver ces champs qui nous entourent, nous ne connaîtrions pas l'agriculture d'aujourd'hui et son modernisme. "
Texte de Jean-Claude Duret 1986 

Jardin et jardinier il y a plus de 300 ans - 1690 Le Vaudoué

"Nous sommes au Vaudoué il y a plus de 300 ans, mais cela pourrait être dans n'importe quel village gâtinais où quelque riche parisien possède, aime et fait cultiver un jardin dans sa maison de campagne. Ici, c'est une dame, une veuve appelée demoiselle selon l'usage de l'époque comme femme mariée d'un certain rang, mais non noble. Elle habite Paris, mais sa propriété du Vaudoué, ou  elle vient sans doute faire un ou deux séjours par an en famille, lui sert à la fois à affirmer son rang social, à venir en villégiature, à savourer la fraîcheur des fruits, des légumes, des laitages du terroir - et à en faire venir certains à Paris. 

Encore faut-il que maison et jardin soient gardés et entretenus. C'est pourquoi en ce jour de décembre 1690, la dame engage comme gardien et jardinier un vigneron du pays. Le notaire du lieu reçoit le "traité" qu'ils passent entre eux, espèce de contrat d'embauche fixant les droits et les devoirs de chacun. 

Mais au bout de quelques lignes le lecteur d'aujourd'hui oublie l'acte juridique pour se promener avec ravissement dans un parc, un verger, un potager du temps de Louis XIV et découvre mille détails de la vie quotidienne : les volatiles à l'aile coupée, l'entretien des arbres, le souci du fumier, le goût du lait et du fromage "mou", la charrette et l'âne, les livraisons à Paris, la lessive.... 
Poésie charmante des petits Versailles de village. Le jardinier aurait sans doute aimé cependant des gages un peu plus élevés..."
 

"Du  lundi 11ème jour de décembre 1690 après-midi
Furent présents en leurs personnes 
Demoiselle Marie Madeleine de Richemont, veuve de feu Monsieur Etienne Pelletier, vivant conseiller et secrétaire ordinaire de la Reine, demeurant à Paris, étant présent en sa maison du Vaudoué, et André Guyard, vigneron, demeurant au dit Vaudoué, lesquelles parties ont fait et font entre elles les traités qui en suivent.
Mademoiselle de Richemont a promis de prendre le dit Guyard pour faire ses jardins et avoir soin de la garde de sa maison du dit Vaudoué, et pour cet effet de lui donner son logement tant pour lui, sa femme et ses enfants que pour les bestiaux qu'il pourra avoir à la charge qu'aucune volaille - qu'il s'en nourrit- n'entrera dans les jardins et clos, ni aucun des bestiaux, et à cet effet coupera une aile aux volailles pour les empêcher de voler par dessus les murs, à peine d'être privé d'en avoir en la dite maison. 
Laquelle maison il tiendra proprement, cultivera les dits jardins, arbres et plantes qui sont en iceux et toutes les treilles et arbres qui sont dans la cour et hors la maison et dans l'enclos qui est devant icelle, appelé le pressoir, en édifiera, entera et plantera partout ou la dite demoiselle trouvera à propos, tant en espaliers, buissons et hautes tiges. 
Et donnera aux dits arbres, plantes et treilles trois façons de labour pour chacun an, la première vers le mois de mars, la seconde vers les mois de juin ou juillet et la troisième vers le mois d'octobre, selon que les saisons le requerront.
Fera tailler, plisser (1) palissader et ébourgeonner les dits arbres dans les saisons convenables par un jardinier qui s'entende bien a tailler les arbres, jusques à ce que le dit Guyard l'ait appris, tondre ou faire tondre les buis, regarnir les places où il en manquera, labourer deux fois l'année les ormes et arbres plantés dans l'enclos du pressoir et de la demi-lune et avenue." 

"Entretenir aussi la pépinière qui est dans le potager, greffer ce qui sera propre en icelle et autres endroits des dits jardins et clos. 
Sèmera des graines et fera des herbes potagères pour salades dans le jardin potager, même des pois et féveroles pour la provision de la dite demoiselle en sorte qu'elle en trouve suffisamment lorsqu'elle viendra avec sa famille en sa maison du Vaudoué; 
Accomodera les deux planches d'asperges et fera quelques artichauts, concombres et citrouilles.
Disposera à son profit de tous les légumes, herbages et salades en l'absence de la dite demoiselle seulement, sans qu'il puisse disposer en sa présence que de son consentement.
La dite demoiselle s'est réservée tous les fruits des arbres, vignes, amandiers, groseillers et autres plantes. 
Entretiendra le dit Guyard nettement et proprement toutes les allées et tapis d'herbe du clos des jardins et pourra recueillir à son profit la dite herbe qu'il fauchera;
Tarreaudera (2) et fumera les jardins et les plantes qui auront besoin de fumier qui se fera par les bestiaux qu'aura le dit Guyard, auquel la dite demoiselle fournira par chacun an la quantité de 300 gerbes de feurre (3) pour être consommé par les dits bestiaux.

"Le dit Guyard aura soin de la conservation des bois de la dite demoiselle  pour empêcher qu'il ne s'y fasse des délits, et, si aucun vient à sa connaissance, il en donnera aussitôt avis à la dite demoiselle pour poursuivre les délinquants.
Façonnera de toutes façons généralement quelconques les vignes naturellement plantées dans l'enclos de la dite maison et celle du pressoir, et le jeune bois d'une façon l'hiver, dans les temps et saisons convenables.
Fera provins et fosses (4) qui seront nécessaires, aiguisera et plantera les échalas qu'il sera besoin dans les dites vignes.
Sera aussi tenu d'aider à faire les vendanges, en les nourissant seulement (5).
Sera fourni à la demoiselle au dit Guyard deux vaches laitières dont il aura le profit et le croît (6), à la charge de fournir à la dite demoiselle  le lait dont elle aura besoin étant sur les lieux et quelques fromages mous, et que le fumier qui proviendra des dites vaches sera employé à l'engrais des dits jardins et clos". 

"Lorsque la dite demoiselle ne sera pas sur les lieux, le dit Guyard sera tenu de faire conduire les fruits qui proviendront de ses jardins et clos à Milly, pour le donner au messager, à voiturer à Paris (7).  
Lorsque la dite demoiselle s'en ira à Paris et emmènera du fruit sur un âne, le dit Guyard sera tenu de conduire le dit âne et le ramener, en le nourrrissant seulement (8), et aidera aussi à charger la charrette. De plus fera le dit Guyard aider par sa femme à laver et essanger (9) la lessive. 
Et en cas que la dite demoiselle lui donne une bourrique, il sera tenu de la nourrir, et s'en servira la dite demoiselle quand elle en aura besoin . 
Le tout moyennant la somme de 60 livres de gage laquelle somme la dite demoiselle de Richemont promet et s'oblige de payer au dit Guyard de quartier en quartier (10)..
Le dit Guyard aura soin des pigeons de la volière, de leur donner à manger, de vendre des pigeonneaux dans la saison, et d'en tenir compte des deniers.... "

Fait et passé au dit Vaudoué, en présence de Michel Marie, laboureur, demeurant au Vaudoué, et François Chateau, sergent au baillage du dit Noisy, y demeurant, témoins. 

Le terrier établi à partir de 1731 par l'abbaye de Chelles, seigneur du Vaudoué permet de situer le jardin de Madame de Richemont, de chaque côté du grand carrefour du village, près de la mairie actuelle. Il appartient alors à un des fils, Denis Etienne Pelletier, avocat au Parlement. Dans la partie principale, à l'ouest ou se trouvent les bâiments (parcelle 131) on reconnait la demi-lune, l'avenue....A l'est (parcelle 69) les bois dominent.. 1- l'église et le cimetière de l'époque - 130 la mairie actuelle 

Archives départementales de Seine et Marne

 

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